(Les textes qui suivent ont été lus lors d’une grande soirée de démonstration sur le site des tremplins)
- les prémice du ski de fond
C’est tout là-haut, dans les pays scandinaves, dans la région de Télémark qu’il faut chercher les origines du ski.
Les premières traces d’un moyen de locomotion autre que pédestre sont vieilles de plus de 40 000 ans.
Tout commença avec la raquette, invention considérable qui permettait de se déplacer sur les manteaux neigeux, puis durant des millénaires, les lapons utilisent des planches de bois pour évoluer dans leur univers. Mais dans nos contrés, l’ours du Vercors ou le bouquetin des hauts plateaux continuaient à courir beaucoup trop vite. Alors quand Henri Duhamel découvre ces planches de bois munis de fixation lors de l’Exposition Universelle de PARIS à la fin du 19ème siècle, une gigantesque révolution allait se produire et c’en était fini pour l’ours car les Vertacomicoriens devenaient les plus rapides.
En 1896, le ski est lancé dans le Vercors quand des militaires (les premiers biathlètes) et une poignée de gardes forestiers montent de la vallée Grenobloise avec ces nouveaux instruments. Ils seraient descendus par Bellecombe et auraient terminé leur périple au pied du site du tremplin actuel.
Mais qui le premier avait réellement chaussé les planches fines recourbées à leur extrémité. Peu importe ! Une chose est sure, c’est bien les militaires qui se sont emparés de l’invention. Pensez aux Chasseurs Alpins et vous aurez tout compris.
Très vite, ce nouveau moyen de communication fut utilisé à des fins ludiques par quelques fous furieux et amoureux de la montagne en mal de sensations fortes. Le ski dit nordique était né dans les Alpes.
A Autrans, des compétitions sont organisées dès 1904. Alfred Merlery-Guillaud, Henri Arnaud et Jean Faure se tapent même le culot de remporter trois fois de suite le Challenge « Le Gaulois » organisé par Le Ski Dauphinois du côté de St Pierre de Chartreuse de 1911 à 1913.
L’Union Sportive d’Autrans, créée en 1920, devient une référence sur le plan régional. Il était donc naturel que le comité international choisisse le site d’Autrans pour organiser les épreuves nordiques des jeux Olympiques de Grenoble de 1968. Le style est toujours celui dit du pas glissé alternatif, déplacement du centre de gravité qui est parallèle à l’axe de direction, les pieds n’ayant pas la possibilité de sortir des traces. C’est justement lors de ces jeux que le monde entier découvre le ski de fond et le biathlon puisque ce sont les premiers jeux télévisés. Autrans devient la Mecque du ski de fond, la « jaune », la super jaune entrent dans le vocabulaire quotidien et le site de Gève demeure une référence incontournable en Europe.
Puis enfin au début des années 80, un homme va tenter l’impensable : SITONEN le finlandais invente le 1/2 pas du patineur, un des skis sort des traces et aide ainsi à propulser le fondeur beaucoup plus vite. Les puristes crient au scandale, mais cela n’empêche pas l’année suivante à l’américain Bill KOCK de montrer au monde entier une nouvelle technique : le pas du patineur. Ce coup-ci, les skis sortent tous les deux des traces : le skating devient une nouvelle discipline.
Et du côté d’Autrans, l’adaptation continue son chemin et le club continu à fournir un nombre impressionnant de champions. Durand-Poudret, Bernard Bonthoux, Remy Saillet, l’incroyable Dominique Locatelli (13 fois champion de France) et enfin Olivier Bulle font partis de ceux qui ont fait l’histoire du ski de fond de notre village. Et enfin, en guise de digestif, ces jeunes fondeurs vous offrent un départ de la course la plus populaire de France : La Foulée Blanche.
Après les jeux de 1968, le ski de fond apparaît au grand jour. Et pour imiter la célèbre course du Figaro qui avait lieu à Paris, Paul Repellin décide de créer un évènement similaire pour le ski de fond. Ce qui fût fait dès 1979 avec les premiers coups de spatules entre Autrans et Méaudre. Le résultat est qu’en 1984, la Foulée Blanche a enregistrée quelques 13000 participants. Voilà donc la mise en bouche de cette histoire du ski. Bonne appétit !
- Télémark, ski, surf
Selon la définition du petit Robert (merci Robert), le ski correspond à chacune des deux longues lames de bois, de métal ou de matière synthétique, dont on se sert pour glisser sur la neige.
Après avoir fait connaissance avec le ski dit nordique à l’évidente antériorité, passons maintenant à la deuxième grande conception de cette discipline : le ski alpin ou ski de piste. Son ancêtre se matérialise par le télémark qui est un transfuge du ski de fond et qui porte d’ailleurs le nom d’une région de Norvège. En 1896, deux gardes forestiers et un colonel de Grenoble sont descendus ici même comme le fait ce télémarkeur ce soir.
Quand les gens du village les ont aperçus, il faut bien avouer que tous ont été subjugués par ces outils qu’ils portaient au pied. Les mentalités allaient complètement en être bouleversées. Le dimanche n’était plus simplement le jour du seigneur, mais aussi celui des rencontres fratricides entre les rouges et les noirs. On utilisait à cette époque un grand bâton pour se maintenir en équilibre. La particularité est que le talon est entièrement décroché et permet le virage en fente. Sur les fortes pentes des Alpes, deux problèmes se posaient : la vitesse et surtout l’arrêt. Les précurseurs en la matière furent les suisses qui popularisent quelque peu cette nouvelle discipline. C’est d’ailleurs dans ce pays que vont avoir lieu les premiers concours, sous l’impulsion de britanniques et notamment d’Arnold LUNN.
En 1911, à Montana, d’intrépides jeunes gens se lancent dans une descente dont le vainqueur mettra plus d’une heure à redescendre dans la vallée. En 1922, à Murrën , c’est le premier slalom. Une longue bataille aura lieu avec la fédération internationale pour faire admettre le principe de championnats du monde.
L’introduction de la descente et du slalom aux jeux olympiques de Garmisch-Partenkirchen en 1936 marque les réels débuts du ski Alpin comme discipline officielle. Techniquement, c’est à cette époque qu’apparut le modèle Kandahar de fixation équipé d’un solide ressort au talon. Mais ce système était la cause de nombreuses fractures graves. Sepp Bildstein, gravement blessé lors d’une chute avec ce modèle de fixation, se pencha sur la question et inventa la fixation de sécurité grâce à un câble qui stabilisait l’ensemble du pied. Le freinage s’est fait dès le début grâce à la pratique du chasse-neige. Puis vint naturellement le virage Stemm des deux jambes. Le but est de transporter le poids du corps sur un ski, le ski extérieur au virage et d’accompagner ce mouvement d’une légère rotation du torse en même temps qu’une légère flexion du genou extérieur. Et puis la fixation définitive du talon a fait évoluer considérablement les techniques.
Comment ne pas faire référence à la concurrence que se livraient deux écoles : Les autrichiens d’un côté et bien sur les français avec Emile Allais et Paul Guignoux. Le ski alpin allait prendre après la seconde guerre mondiale un essor considérable popularisé par les Toni Sailer, Jean-claude Killy, Alberto Tomba, Marielle Goitchel, Ingemar Stenmark, Pirmin Zurbriggen ou encore Luc Alphand et bien évidemment Carole Montillet, notre voisine de Villard de Lans.
En 1960, aux USA, des surfeurs découvrent des points communs entre l’eau et la neige. Il n’y avait qu’un pas à faire pour construire un engin ressemblant au surf sur eau mais adapté pour la neige. En 1964, Mr Sherman popper, construisit pour ses deux filles (les femmes sont toujours à l’origine de tout) une paire de ski assemblée : le snowboard était né. Le premier nom fût le Snurfer. Pour tenir sur cette planche, on ajoutait sur la surface des couches de graviers ou de verres, puis l’on mit des lanières fixées sur les pieds.
La 1ère épreuve de coupe du monde de snowboard est née en Europe à ST Moritz et deviendra discipline olympique aux jeux de Nagano en 1998.
Pour conclure, Il est important de faire références à d’autres modes de ski qui sont apparus ces dernières années. Ce dernier acteur représente une tendance très actuelle, celle du ski extrême ou free-ride qui se pratique sur des pentes vertigineuses. Seuls quelques initiés et professionnels s’élancent sur des domaines vierges de toute trace humaine. Inaccessible à beaucoup d’entre nous, ils échappent à toutes règles administratives et sont à la recherche d’une liberté extrême elle aussi. Ce qui semble nous manquer le plus aujourd’hui dans nos montagnes.
Voici donc la fin du plat de résistance, faîtes attention à l’indigestion.
- et le saut à ski !
Qui n’a pas rêvé de voler ne serais-ce que quelques secondes ? Même un montagnard peut caresser ce rêve tout en pratiquant la glisse.
C’est probablement de la conjonction de ces deux rêves qu’est né le saut à ski. Aussi vieux que la pratique du ski, le saut est arrivé chez nous dans les Alpes au moment où le ski est apparu.
Les skis sont beaucoup plus long, beaucoup plus large et la maîtrise totale de son esprit est d’une importance capitale : vous allez comprendre pourquoi.
A Autrans, on apprend à sauter avant même de savoir marcher. Pour preuve la présence dans chaque hameau de petits tremplins d’entraînements ou tous se réunissent dès que l’on a un moment de libre. Après la première guerre mondiale, on connaît l’existence de tremplin du côté de Bellecombe, à Combe Gonnet, au Claret, au lieu-dit Pierre à feu, à l’Adeline et bien sur aux tranchants qui deviendra le grand tremplin de la commune où durant de nombreuses années, les champions autranais font leur première performance.
Et par la suite, les cadors de la discipline ne manquent pas : Jacques Gaillard (participation à 3 olympiades), Yves Locatelli (multiples fois champion de France chez les jeunes), popeye, Christophe Borello ou autre Nicolas Bal (médaillé de bronze à Nagano en 1998)
Ils sont tous, quelque soit leur génération, des acteurs importants du saut à ski locale, mais ils ont aussi beaucoup œuvré à la promotion de ce sport souvent discret.
Et pour vous prouver qu’un sauteur ne fait pas dans la discrétion : Regardez (UN SAUTEUR) Le tremplin olympique du Claret sur lequel vous êtes ce soir est à Autrans ce que la tour Eiffel est à Paris. Ce site a entièrement été construit artificiellement pour les jeux de 1968. Les premiers projets du comité d’organisation des jeux de Grenoble étaient orientés du côté de Lans en Vercors au lieu-dit la Chenevarie. Puis du fait de sa position idéalement orientée au nord, le site du Claret a donc été choisi. A l’époque, c’était un projet gigantesque, des scrapeurs ont modelé et façonné cette colline qui était auparavant uniforme.
Un tremplin est un outil de haute technologique. Les degrés d’inclinaison sont calculés par de véritables génies. Le point K qui se trouve au pied de la piste de réception correspond à l’endroit où la pente commence à se redresser. Il existe ainsi aujourd’hui 4 types de tremplin : Les petits aux point K allant de 20 à 60m environ. Puis viennent ceux qui sont les plus connus sur lesquels ont lieu la grande majorité des compétitions : Ce sont ceux de 90 et 120m (ce soir vous avez l’occasion d’admirer les sauteurs sur le K 90). et puis enfin les tremplins dit de haut vol de point K 180m. Pour ces derniers, les performances sont exceptionnelles puisque le record du monde en distance est actuellement détenu par l’autrichien Goldberger avec 223m.
Quand on dit voler, vous voyez que l’on ne s’est pas trompé. J’espère que vous avez apprécié ce repas. Après la cerise sur le gâteau, champagne pour tout le monde. «