Autrans d’antan…

Les archives d’une mairie contiennent des trésors. Les livres des délibérations de 1800 à nos jours sont précieux pour nous raconter la vie de nos ancêtres. Cette rubrique vous en donnera des aperçus, de la construction du pont de Vercors à la construction de l’école. Les délibérations sont scannées et mises en image, mais la traduction écrite est souvent indispensable !

Délibération de 1808 à propos de la construction d’un pont sur le Drac

delib-1808« Le conseil après avoir entendu lecture de la lettre que M le préfet a adressé au maire le 10 de ce mois relativement au projet de construction pour le passage avec voiture sur le torrent du Drac et dont la dépense serait faite par les communes composant les cantons de Sassenage et du Villard de Lans au moyen d’une imposition additionnelle remboursable aux dits communes du produit d’un péage qui serait perçu au passage du pont.

Considérant que le passage du torrent du Drac ne se fait en ce moment que par un bac à traille qui présente les plus grands dangers aux passagers pour eux et pour les bestiaux et voiture qu’ils peuvent conduire, qu’il est même interrompu une partie de l’année par l’effet de la fonte des neige et des grosses pluies

Considérant les avantages qui résultent de la construction d’un pont sur le Drac pour le double rapport de l’agriculture et des nouvelles communications dont cet ouvrage peut accélérer l’établissement Estime que l’objet dont il s’agit est un des plus important que les habitants de la commune puissent désirer et qu’il est du devoir essentiel du conseil municipal de concourir par tous les moyens dont il peut disposer, en conséquence, il a été délibéré que le conseil mettrait expressément son vœu pour qu’il soit construit le plus promptement possible un pont sur le Drac aux frais des communes intéressées composant les 2 cantons de Sassenage et du Villard de Lans, que pour subvenir aux frais de cette construction, ladite commune d’Autrans soit ainsi que les précédentes autorisée à imposer pendant 5 années consécutives à raison du quart de la totalité des contributions foncières personnelles et mobilières réunis
Qu’il soit établi sur le pont du Drac pendant un nombre d’années déterminées un péage dont le tarif soit le même que celui qui est observé présentement pour le passage du bac établi sur ledit torrent
Que pour le produit de ce péage soit affecté aux remboursements des impositions additionnelles mentionnées sur la présente délibération en sorte que chaque commune reçoive sur le produit le montant de toutes les sommes qu’elle aura avancée par la voie d’imposition ……………
Délibéré en conseil municipal à Autrans le 12 août 1808″

1833 : création de l’école …

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Le 15 février 1833 le conseil municipal de la commune d’Autrans réuni dans la salle ordinaire de ses séances en nombre suffisant pour délibérer. M le maire a de nouveau mis sous les yeux du conseil municipal les circulaires de monsieur le préfet en date du 18 juillet et 25 septembre dernier lesquelles font connaître la nécessité de délibérer sur les mesures à adopter pour établir une école primaire dans la commune ce qui rendrait cette instruction accessible à tous ceux qui ne pourraient trouver dans les ressources de leurs familles les moyens de se la procurer.

D’après les devis qui en a été dressé cette dépense arriverait à la somme de deux milles francs non compris l’emplacement qui appartient à la commune.
Le conseil municipal considérant qu’il est très utile pour la commune de se procurer une école primaire et que c’est à son grand regret de n’avoir pu en établir une plutôt en voyant l’année qui vient de s’écouler totalement perdue et une partie de celle-ci.
Nous étant fondés jusqu’aujourd’hui sur le défaut de ressources insuffisantes de la commune et ayant éprouvé la grêle pendant deux années de suite ce qui nous a nécessité de manquer à l’un des devoirs les plus essentiels dans les intérêts les plus chers de nos concitoyens
Considérant que depuis longtemps l’éducation de la jeunesse se trouve bien négligée à défaut d’un logement convenable pour se procurer un bon instituteur, ce qui par la suite pourrait devenir très préjudiciable à la commune en ce qu’elle ne pourrait trouver parmi les concitoyens des personnes suffisamment cultivées pour composer un conseil municipal
Considérant d’après tous ces motifs qu’il est extrêmement urgent de faire construire une maison soit pour une école et le logement de l’instituteur, soit pour y déposer les titres et papiers de la mairie et pour y tenir les assemblées municipales qui jusqu’à ce jour ont été dans des maisons particulières ;

d’après ces raisons le conseil municipal est d’avis que la construction détaillée d’après le devis soit exécutée au plutôt, et que pour faire face à cette dépense il n’est pas nécessaire de recourir à une imposition extraordinaire, les fonds de la commune y suffiront, en ce qu’elle désirerait pouvoir obtenir une permission de quatre cent pieux de bois résineux à prendre dans la forêt communale d’Autrans, dont la demande de deux cent à déjà été faite à l’administration forestière.
Cette seule autorisation suffirait à la commune pour faire face à cette dépense …

1837 : polémique sur l’emplacement de l’école

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L’an 1837

Le maire a fait part au conseil du résultat de l’enquête de commodo et incommodo sur l’emplacement choisi par le conseil municipal pour la construction d’une maison d’école. Quelques personnes ont formé opposition par le motif que cette construction réduirait la place publique qui n’est déjà pas assez étendue pour les jours de foire, d’autres ont allégué sur trop grand rapprochement du cimetière, d’autres le son des cloches, d’autres les cafés et cabarets. Les uns ont proposé de placer l’école hors du village dans la prairie de M. Bertrand, d’autres dans une pièce de terre de François Gamond à la croix des Ramaux qui leur semblait plus convenable.

Le conseil municipal après avoir mûrement examiné les diverses objections auxquelles a donné lieu l’enquête, fait observer que l’emplacement de l’école a été choisi sur un point qui n’est en l’état d’aucune utilité sous le rapport de la place publique. Il est situé dans une espèce de fond presque indépendant et surtout pour la foire, mais au surplus pour détruire d’une manière victorieuse tout prétexte à cet égard, quelques habitants zélés pour l’instruction primaire se sont cotisés et ont acquis le jardin du vieux Régis David d’une contenance de environ 80 mètres qui se trouvait situé presqu’au centre de la place et la coupait de la manière la plus désagréable et la plus nuisible à la circulation, et ils en ont fait don à la commune qui trouve ainsi une contenance de 80 mètres a centre de la place en remplacement d’une surface de 54 mètres pris dans une extrémité en fond qui ne présentait aucune utilité pour les foires. Cet avantage sera rendu plus sensible par l’inspection d’un plan de la localité que l’on joint aux pièces.

Quant à l’objection relative à la proximité du cimetière, le conseil municipal fait remarquer qu’il a reconnu tous les inconvénients d’un cimetière placé au centre des habitations et qu’il s’occupe du choix d’un local pour le transporter hors du bourg, projet d’une utilité indispensable sous le rapport de la salubrité.

Quant à celles des cloches pour la sonnerie, il sera facile d’en faire connaître le résultat, 30 à 35 naissances dans le cours d’une année, l’on ne peut que s’apercevoir du bruit que peuvent causer les cloches pour sonner, 25 à 30 décès dont au moment de l’enterrement, ne sonnent qu’au point du jour, à midi, et à la tombée de la nuit moment ou les élèves ne sont point en classe, y seraient elles qu’il est encore facile de reconnaître que cela ne peut point contribuer à aucun dérangement, d’ailleurs jusqu’à présent où a-t-elle été placé l’école, au centre du village, à la cure même et dans les maisons les plus rapprochées du clocher sans que jamais l’instituteur de ce temps là ne ce soit plaint du bruit que pouvait causer la sonnerie d’Autrans, et puis encore ce n’est pas une cathédrale que la commune d’Autrans,

On nous parle aussi lorsque l’on sonne pour le temps, n’a t’on jamais vu sonner en hiver qui dure ordinairement 7 mois, et plus, ainsi lorsque la récolte n’est pas en maturité, qui ne commence qu’en juin et fini au milieu de septembre, passés ces époques l’on peut bien s’en dispenser. On parle au surplus d’un café et d’un cabaret, la maison qui fait maintenant café est bien opposée, son bâti se trouve au levant, la maison proposée au couchant et entre deux des granges et (xxx ?) et une distance de 5 à 6 mètres entre deux.

Toutes les objections ci-dessus articulées ne reposent sur aucune espèce de fondement. L’on pourrait plutôt les appliquer à un motif de contrariété et chercher de prolonger autant que possible cette construction, qui devient cependant d’une grande utilité à la commune.

Quant aux emplacements que les opposants proposent pour l’école au lieu de celui choisi par le conseil municipal, le conseil fait observer que sans doute les opposants n’ont pas sérieusement réfléchis lorsqu’ils ont fait cette proposition, d’abord le premier qui est désigné dans une prairie est un bas fond qui dans les grandes pluies et la fonte des neiges il y a toujours de l’eau, les maisons qui sont tout près de là et même plus élevées les propriétaires ont souvent été obligé d’évacuer le plein pied qui était occupé par l’eau. D’un autre côté l’endroit est très peu fréquenté il n’y a pour ainsi dire pas même de chemin, il sera impossible d’accéder pendant les temps de neige, époque où l’école sera la plus fréquentée. On nous a observé plus haut le dérangement du café et du cabaret, il parait qu’ils ont mal réfléchi, car dans toute la commune il serait bien difficile de trouver un endroit plus rapproché et plus fréquenté que celui ci-dessus proposé, nous avons dit qu’il n’existait presque pas de chemin et celui qui existe se trouve devant ou à côté de 2 cabarets un café et (silliard ?) la forge d’un maréchal, que dans plusieurs circonstances la basse cour est remplie de bêtes pour ferrer et cependant il n’y a pas d’autres sentiers. Il faut que tous en général passe là il est très facile d’apprécier cet inconvénient.

Quant au second il se trouve encore plus reculé il ne serait pas humide comme le premier, il a cependant beaucoup d’inconvénient soit en hiver soit en été, l’hiver les trop grandes quantité de neige arrêteraient les enfants ou bien l’éloignement, l’été c’est l’endroit principal pour les jeux de boules, en hiver il serait très difficile à l’instituteur et surtout à l’institutrice de pouvoir ce procurer de l’eau, la seule fontaine qui existe tout près de ce local est au moins de 5 à 600 mètres tandis que l’endroit indiqué par le conseil municipal n’est éloigné que de 10 à 15 mètres.